La Villa Tamaris : Histoire d'une Maison Normande.

En acquérant la villa Tamaris, et avec notre projet de rénovation nous nous sommes plongés dans les origines de cette maison et dans l’architecture de la région.

Les Origines Modestes

La Villa Tamaris trouve son origine d’une annexe ou d’un garage de la maison voisine, située historiquement sur une grande parcelle qui jadis fut découpée en 3 terrains aujourd’hui construit. Dans les années 50, cette petite structure initiale de plain-pied, était très modeste, mais possédait déjà un joli charme avec un rez-de-chaussée simple mais néanmoins agrémentée d’une loggia ouverte supportée par des bois de colombages. Certains murs intérieurs et extérieurs sont en pierres apparentes et démontraient une certaine qualité de construction pour ce bâtiment annexe. Des photographies de l’époque montrent que l’agencement intérieur a été revu plusieurs fois, avec que des cloisonnements et décloisonnements successifs. Ces transformations reflètent les besoins changeants de ses occupants et l’adaptabilité de la structure. Il est dit qu’elle était à cette époque une maison de pêcheur.

1965 : La Villa Tamaris

Le nom de “Villa Tamaris” apparait dans un document notarial de 1965. Et effectivement un tamaris est présent sur la parcelle.

1999 : Une Transformation étonnante

1999 marque un tournant. la Villa Tamaris subit une transformation majeure et le permis de construire de l’époque donne quelques informations intéressantes : Le propriétaire étudia plusieurs projets architecturaux, avec une intention initiale de créer une belle maison normande orientée Ouest, avec une avancée de toit type pan casquette sur le pignon ouest. Après plusieurs refus de la mairie, c’est un projet plus sobre mais surprenant qui finalement vue le jour. La maison s’éleva alors de deux étages côté Est seulement, avec une pente de toit plongeant jusqu’au rez-de-chaussée côté ouest. Avec ce toit résolument détonnant dans le paysage local, cette maison possédait un charme non ostentatoire. Etait-ce une volonté de se protéger des intempéries ? Un compromis des contraintes imposée par la mairie ? Quoi qu’il en soit, cette singularité lui confère un charme particulier pour une maison devenue de vacances, simple et sans prétention. Par contre, avec cette transformation aucun élément d’architecture normande n’était présent mis à part un clin d’œil aux anciens bois de colombage. Un échantillon fut conservé et apposé sur un mur extérieur.

Malheureusement, peu de temps après, la maison devant fut surélevée et occulta en partie l’intérêt de la surélévation de 1999.

2022 : Notre acquisition

En 2022, nous avons acquis la Villa Tamaris avec le projet de redonner à la maison sa vue mer imprenable et de l’ouvrir davantage vers l’extérieur. Inspiré par le style d’origine des années 1950 et l’architecture balnéaire des belles demeures de Ouistreham, si bien documentées dans le livre “Villas et architecture de bord de mer - Ouistreham” de Florent Herouard, nous avons voulu renouer avec certains codes de l’architecture balnéaire régionale du début du 18eme siècle. Cette fois la mairie accepta le projet de monter côté Ouest. Nous avons créé une terrasse au deuxième étage pour découper la façade et ne pas se retrouver avec une maison massive. La chambre principale s’ouvre désormais sur cette terrasse avec une vue formidable sur le front de mer par une baie vitrée surplombée d’un chien-assis. Au premier étage, un bow-window apporte du relief à la façade, tout en inondant la salle à manger de lumière et en la positionnant aussi aux premières loges sur la mer. Le bow-window est surplombé d’une casquette de tuiles, élément architectural typique de la région normande et adaptée à cette région humide. Pour renforcer le style normand un dessin de colombage de couleur bleu (nuance Weber) est ajouté , seulement sur le deuxième étage pour ne pas surcharger la façade, s’inscrivant ainsi en continuité des bois de colombage de la loggia, même si la maison d’origine n’a probablement jamais eu de véritables colombages.

Enfin, nous avons fait fabriquer des céramiques architecturales pour agrémenter la façade, perpétuant une tradition de la côte normande, notamment à Deauville et Trouville, les villas et hôtels de la Belle Époque utilisent abondamment la céramique pour embellir leurs façades. On en voit beaucoup à Ouistreham, et Cabourg. Nous avons pioché dans le jardin fleuri de la maison l’inspiration et les dessins nécessaires : des arums et des camélias. Quatre frises basées sur le motif de la fleur blanche d’arum habillent les linteaux des fenêtres du bow-window, tandis que quatre cabochons en forme de fleurs de camélia rouge ajoutent une touche de couleur et d’élégance. Quant au tamaris, nous avons longtemps réfléchi mais il était très difficile de les représenter en céramique. Les céramiques ont été réalisées par l’artiste Jane-Martine Brossier-Genevois de Lyon.

Conclusion

C’est ainsi que la Villa Tamaris continue son histoire, enrichie d’une nouvelle transformation qui, je l’espère, respecte son passé et illustre l’évolution sociale de la côte normande passant d’une modeste maison de pêcheur à une résidence ouverte sur l’horizon.
Chaque génération a apporté sa pierre à l’édifice, contribuant au patrimoine balnéaire normand, entre héritage et réinterprétation contemporaine. Aujourd’hui, elle se dresse fièrement, et espérons avoir fait cohabiter tradition et modernité harmonieusement. Nous sommes fier d’avoir apporté notre modeste pate à l’histoire de ce bâtiment et d’avoir vécue passionnément cette petite aventure architecturale.