
La Villa Tamaris au fil du temps.
- JmL
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- 04 Jul, 2023
En acquérant la Villa Tamaris et en lançant notre projet de rénovation, nous nous sommes plongés dans l’architecture de la région ainsi que dans l’histoire même de cette maison.
Les origines modestes
La Villa Tamaris tire son origine d'une annexe ou d'un garage de la maison voisine, jadis partie d’une vaste parcelle unique avant qu'une succession ne divise cette parcelle en trois. Dans les années 1950, cette structure de plain-pied, bien que modeste, possédait un véritable charme. Son rez-de-chaussée simple était toutefois agrémenté d'une loggia ouverte, soutenue par des poutres à colombages, offrant un abri idéal contre la météo pluvieuse de la région. Les murs intérieurs et extérieurs en pierres apparentes témoignaient d'une certaine qualité de construction pour un simple bâtiment annexe. De plus, des photographies d'époque révèlent plusieurs modifications intérieures successives : les pièces ont été inversées entre la cuisine et les chambres, et les cloisons ont été successivement montées et démontées. Ces transformations illustrent les besoins changeants des occupants et l'adaptabilité du lieu. Il se dit qu'à cette époque, elle était une maison de pêcheur.1965 : La Villa Tamaris
La maison apparaît sous le nom de "Villa Les Tamaris" dans un document notarial de 1965. Un tamaris est d’ailleurs toujours présent sur la parcelle.1999 : Une transformation étonnante
L'année 1999 marque un tournant : la Villa Tamaris subit une transformation majeure. Les archives du permis de construire révèlent une histoire intéressante : le propriétaire étudia plusieurs projets architecturaux, avec l'intention initiale de créer une belle maison normande orientée Ouest, avec une avancée de toit de type "pan casquette" sur le pignon occidental. Cependant, c'est un projet plus sobre, quoique surprenant, qui fut finalement validé par la mairie. La maison fut surélevée de deux étages uniquement côté est, avec un toit plongeant jusqu'au rez-de-chaussée côté ouest. Ce toit atypique dans le paysage local conférait à la maison un charme discret mais singulier. Était-ce une volonté de se protéger des intempéries ou, plus probablement, un compromis imposé par les contraintes d'urbanisme ? Quoi qu'il en soit, cette particularité a donné à la maison une identité propre, devenant une résidence de vacances simple et sans prétention.En revanche, cette transformation aux allures de chalet de montagne effaça tout élément architectural normand. La loggia fut fermée, et son bois de colombages conservé en souvenir, fixé sur un mur extérieur.
Malheureusement, peu de temps après, une extension verticale de la maison voisine vint masquer une partie de la vue mer, réduisant l’intérêt de la surélévation de 1999.
2022 : Notre acquisition
En 2022, nous avons fait l'acquisition de la Villa Tamaris avec l'ambition de lui redonner sa vue imprenable sur la mer et de l'ouvrir davantage vers l'extérieur. Inspirés par le style d'origine des années 1950 et par l'architecture balnéaire des belles demeures de Ouistreham, magnifiquement documentées dans l'ouvrage "Villas et architecture de bord de mer - Ouistreham" de Florent Hérouard, nous avons souhaité renouer avec les codes de l'architecture balnéaire régionale du début du XXe siècle.Cette fois, la mairie accepta une élévation côté ouest. Une terrasse fut créée au deuxième étage pour dynamiser la façade et ne pas construire un batîment massif. La chambre principale s’ouvre désormais sur cette terrasse, offrant une vue exceptionnelle sur le front de mer grâce à une baie vitrée en chien-assis.
Au premier étage, un bow-window apporte du volume à la façade et place la salle à manger aux premières loges sur la mer. Ce choix était une évidence, l’entrée historique du rez-de-chaussée étant déjà en avancée avec une forme biseautée évoquant les bow-windows. Nous avons simplement prolongé cet élément vers le haut. Enfin, nous avons surplombé le bow-window d’une casquette de tuiles, un élément typique de l’architecture normande parfaitement adapté aux conditions climatiques locales.
Pour renforcer ce style normand, nous avons ajouté un dessin de colombage bleu (nuance Weber) sur le deuxième étage uniquement, afin de ne pas surcharger la façade. Cette idée s’inspire des colombages historiques de la loggia, bien que la maison d’origine n’en possédait sans doute pas réellement.
Enfin, nous avons fait fabriquer des céramiques architecturales pour agrémenter la façade, perpétuant une tradition bien ancrée sur la côte normande, notamment à Deauville et Trouville, où les villas et hôtels de la Belle Époque sont fréquemment ornés de céramiques. On en trouve également beaucoup à Ouistreham et à Cabourg. Nous avons puisé notre inspiration des dessins dans le jardin fleuri de la maison : les arums et les camélias y étant magnifiques. Quatre frises, représentant la délicate fleur blanche de l’arum, habillent les linteaux des fenêtres du bow-window, tandis que quatre cabochons en forme de fleurs de camélia rouge ajoutent une touche de couleur. Quant au tamaris, nous avons longtemps cherché, mais il était très difficile d’en restituer fidèlement la silhouette en céramique. Les pièces ont été réalisées par l’artiste Jane-Martine Brossier-Genevois, de Lyon.
Conclusion
C'est ainsi que la Villa Tamaris continue son histoire, enrichie d'une nouvelle transformation qui, nous l'espérons, respecte son passé et illustre l'évolution sociale de la côte normande. De maison de pêcheur à résidence de vacance maintenant ouverte sur l'horizon, elle incarne cette mémoire vivante du littoral.Chaque génération a apporté son empreinte, et nous sommes fiers d’avoir apporté notre modeste empreinte à l’histoire de ce bâtiment. Nous espérons avoir su allier harmonieusement tradition et modernité : entre héritage et réinterprétation contemporaine.
Reste à voir si cette ouverture sur la mer saura affronter durablement les caprices du climat normand…